L'effet colibri, the hummingbird effect

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SORTIE- L’Expo Dior, entre amateurisme et grandiose

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Ca y est, l‘expo Dior, la tarte à la crème des expos parisiennes en vigueur, je l’ai faite avant-hier 28 décembre.  Par chance pas trop de queue, et j’ai pu rentrer assez vite avec un billet coupe file à 10 euros de la Fnac.

Les sans billet avaient eux 4 heures d’attente estimée  !

Cela en valait-il la peine ?

Malgré une scénographie très inégale,  restent des pièces d’exception qui valent le détour… Revue mitigée…

NB- Vous verrez que ce post n’est pas sponsorisé par Dior ou LVMH .

Dior, un nom mondialement connu, une légende de la mode. Christian Dior a révolutionné la mode avec le New Look dans les années 50. Il remporte l’Oscar de la Mode et devient une gloire internationale. Il tisse un empire de boutiques, avec un écosystème de fournisseurs de la mode: chaussures, maquillage, chapeaux, parfums…il s’entoure d’une garde rapprochée de partenaires dont le fameux chausseur Roger Vivier. Ceci pour parer la femme d’une panoplie Dior de qualité, conforme à sa vision.

Fils d’entrepreneur normand , il grandit à Granville et devient galeriste d’art, avant de se reconvertir ( aidé par l’industriel Boussac) , car ruiné par la crise de 29. Une voyante lui avait prédit qu’il serait aux abois mais réussirait grâce aux femmes…

Dior rayonne dans le monde avec le fameux New Look , tout le monde le porte, de Elisabeth Taylor à Grace Kelly. Dior meurt en 57 à seulement 52 ans et c’est YSL qui prend sa succession à tout juste 21 ans.  Suivra Marc Bohan ( adoré de Grace et Caroline de Monaco)  , l’Italien Gianfranco Ferré , le Britannique de Gibraltar John Galliano, le belge Raf Simmons puis l’Italienne et première femme pseudo féministe, Maria Grazia Chiuri ( en 2016). Entre temps la maison est entrée dans le giron de la machine LVMH dont elle est le fleuron mode femme avec LV.

L’exposition se compose en 2 zones, de part et d’autre de l’entrée centrale du Musée des Arts Décoratifs. La première partie est sur deux niveaux. La première souffre d’une scénographie absolument débile et abominable : des salles sombres ( murs et plafonds noirs, néons gris) avec de tout petits artefacts. Evidemment un engorgement se fait illico. Comment regarder une photo de 5cm et lire la légende tant il fait sombre.  Tant pis, la vie de Dior en photos de 5cm ne m’intéresse pas. On peut voir la même chose dans Wikipédia.

On passe donc rapidement la salle biographique de Dior , tant c’est rikiki et encombré. La suivante montre quelques oeuvres d’art de son époque de galeriste. La 3e montre quelques grandes robes emblèmes et des photos associées. Les vitrines sont éclairées pour laisser entrevoir les robes dans la pénombre ou des images pixélisées desdites photos imprimées sur les vitres. Je n’ai pas vu de photo de cette salle sur Internet tant elle est ingérable, moche et sombre. Un gâchis.

C’est peut être une prouesse technique, mais c’est juste ridicule: couleurs et robes difficiles à voir. Foule. Claustro, au secours !

L’enfer du COLORAMA : une scénographie de m….

Le pire est à venir avec le couloir de la mort intitulé COLORAMA. Une succession de mini artefacts par centaines dans une salle qui doit bien faire 50m de long. Un couloir long, insupportable, noir du sol au plafond. Avant c’était les Galeries Lafayette en temps de soldes mais avec coupure d’électricité, là c’est le couloir du métro parisien dans le noir complet.

C’est joli en photo… surtout quand il n’y a personne. Typiquement la vitrine imaginée par quelqu’un qui n’en a rien à faire des visiteurs. C’est surtout bien pour la journée presse en photo magazine. L’esbrouffe, le hype dont on soupçonne le  luxe en permanence.

Vous pouvez en voir plus ici que je n’ai pu voir sur place : les coins à aller-retour, c’est la mort dans ce genre de lieu

Evidemment, on ne voit rien ou presque, les couleurs sont difficiles à admirer ( un comble) car tout est noirâtre, grisâtre, l’atmosphère est gothique, mortifère, moite. Les vraies couleurs ne ressortent pas vraiment malgré la beauté des pièces ( accessoires, et mini robes maquettes) . On est écrasé par le tsunami de petits objets dont on ne peut lire les légendes tant ça se bouscule. On regarde en superficialité. Ou alors on prend tout en photo avec son mobile ( autre pollution de l’expo) pour regarder chez soi. M’ouais.

les salles sont ici éclairées en plus pour que la photo ressorte.

On voit surtout les pièces du haut. Pour moi, venant d’un musée international expérimenté, ceci relève de la faute professionnelle. La gestion des flux, c’est un métier et un scénographe sérieux doit y penser quand il conçoit une expo. C’est même son job principal. Combiner pédagogie, ambiance et aménagement. Dans ce même couloir, on nous met des panneaux sur Roger Vivier, le photographe Tyen, les maquilleurs partenaires….on survole en vitesse avant de se faire piétiner par la meute.

Après cet engorgement agonisant, on finit par atteindre le niveau du bas, où soudain, tout s’illumine et devient blanc avec une scénographie plus qualitative , sans vitres. On peut enfin se mouvoir, respirer et tourner autour de robes de légende, dont le savoir-faire des petites mains est indiscutable et épatant.

Des tableaux de maîtres et des robes

Sous l’oeil de quelques tableaux de maîtres venant d’Orsay, se côtoient des robes de différents créateurs avec une ambiance fleurie et glamour tout en blanc. On a encore une ou deux salles en noir, mais on peut déjà respirer, donc on ne fait pas la fine bouche.

On constate qu’il y a même de grandes déperditions de place où des vitrines d’accessoires du couloir Colorama auraient pu être installées ça et là.

L’expo se déroule de façon plus conforme à ce qu’on peut imaginer d’une expo de robes. C’est mieux que celle de Valentino que j’avais vues il y a plusieurs années. il y a quelque chose de plus vivant avec les écrans d’animation et la présentation sur plusieurs niveaux. Ici, on veut démontrer la puissance de la marque, son opulence, son abondante créativité forgée en 70 ans par tant de créateurs de talent.

La galerie finale est impressionnante, on est ahuri par les tailles filiformes scandaleuses de robes de Galliano, totalement ridicules et indécentes d’anorexie. J’avais noté une robe fourreau pour fille d’1.90m en taille 12 ans. Un ver de terre.

On est touché de voir les robes portées par Diana, Grace Kelly, Zhang Ziyi, etc. Des écrans nous montrent les stars en Dior. Une bonne idée car trop souvent on doit se contenter de voir la robe inerte sur un mannequin en plastique. Cela perd énormément de sa saveur sauf si on veut analyser les ourlets et les points de coutures.

Au cente, la nuisette Galliano de Diana

On reconnaît la nuisette de soie de Galliano pour Diana.

Le grand couturier parisien Loris Azzaro ( c »était un vrai grand couturier) avait dit que les bretelles n’étaient pas à la bonne place. Je l’ai vu à la télé le dire, et trouvai que c’était si vrai. Ma mère aussi trouvait ces bretelles de nuisette moches mais lui c’est Azzaro , alors il est plus crédible.  Il a habillé les plus grandes stars de Grace Kelly à Sharon Stone.

On oublie trop souvent que c’est la robe qui doit servir la femme et non le contraire. ( Loris Azzaro) 

 

Pas photo, entre Bohan , Ferré, au style épuré et classe, on passe au bling bling estudiantin marketing de Galliano. C’est l’orgie de sequins, de tailles 30-32 . Ce n’est pas humain, ce n’est pas portable…mais cela vend du parfum. Le cahier des charges de LVMH est rempli: faire du m’as-tu-vu pour vendre des lunettes, des sacs en Asie.

On n’est plus dans l’élégance des maîtres d’antan, des St Laurent, Lacroix, Ferré, Givenchy. Caroline de Monaco qui adorait Bohan ( elle se marie en Dior-Bohan ) ,  s’habille soudain chez Chanel- Lagerfeld. On ne la voit pas en Galliano.  Un signe clair et net.

1994-Ferré présente un style chic italo parisien, Carla règne en maître. Après, ce sera l’âge de pierre…

Galliano , c’est parfois vulgaire, car trop d’informations. On fait pour faire. Tant que cela n’a jamais été fait, c’est bon. Même si c’est justement parce que c’est moche . Les bretelles de Diana, c’était cela en fait. On fait pour pas faire comme les autres. La créateurs de mode se regardent, se starifient comme des rocks stars, et oublient les femmes. Toute brindille anorexique fait l’affaire.

C’est l’air du temps. Tout le monde est camé, malade, la décharnée Kate Moss règne en maître , Claudia Schiffer perd encore une taille et devient un squelette, pour survivre et travailler ( elle a besoin d’une TRES grande sécurité financière)  Alexander McQueen se suicide, Galliano est viré pour insultes nazies alors qu’il est ivre en permanence et camé . Ces gens sont en burnout permanent.

Post crise des subprimes, Dior a recruté des créateurs éphémères , inconnus au bataillon,   qui font 2-3 ans avant de se barrer. Les designers , inconnus et interchangeables, sont tous devenus des joueurs de foot présentés par des agents en fonction de cahiers des charges marketing précis , établis par des marques appartenant à des groupes boursiers. Ils ont pour mission de refaire de la fringue portable et même de parler féminisme comme la dernière directrice artistique, première femme ( Maria G.Chiuri) . J’attends de voir son slogan qui semble surtout social washing «  We should all be feminists » en vigueur; à quand les mannequins de toutes tailles, âges et statures.

La 2e partie est un couloir de robes par époques de créateur, c’est fluide, facile à regarder.  Des photos ponctuent le côté opposé. C’est ce qu’on attend d’une expo de mode.

Une salle expose les prototypes d’atelier sur plusieurs mètres de haut, cela confine à l’art moderne. Même sans être fan de mode, on apprécie l’effet visuel.

Un atelier s’y trouve. On peut voir un artisan Dior travailler, à un sac à main par exemple. Un maroquinier italien se trouvait là justement quand j’y étais. Chaque semaine, l’artisan change. Toute la maroquinerie provient de Padoue en Italie.

 

Enfin, un couloir de nouveau ridiculement noir avec des esbrouffes de bordures blanches animées nous accompagne vers la sortie.

L’effet rend en photo quand on allume tout, mais quand cela clignote, on a bien du mal à apprécier les tailleurs noirs sur mannequin plastiques noirs posés dans un cube noir du sol au plafond. 

ils ont allumé tous les néons pour que cela rend en photo

Une fois de plus, l’effet d’esbrouffe nous rattrape. Ce désagréable arrière- goût de la mode chez LVMH, l’  usine à cash: l’image d’abord, la substance humaine après. L’humain doit s’adapter à l’esbrouffe photo.

Positif: l’abondance des objets présentés, les salles lumineuses, les tableaux de maîtres et illustration, une générosité, un désir de faire connaître le fondateur Christian Dior et la marque femme sous toutes les coutures. On peut apprécier le travail d’orfèvre des artisans et surtout des couturières et brodeuses.

Négatif: Scénographie totalement ratée,  vieillote, grandiloquente, mal pensée, sur le premier quart , les tenues noires sur mannequins noirs dans des cubes noirs. Toilettes fermées au sous-sol, celles restantes engorgées. Rien sur l’univers Baby Dior et Dior Homme totalement occultés ( future expo ?) . Quelques manteaux de vison, mais bon c’est historique .

Verdict: cela reste à voir pour les zones de robes bien présentées.  De belles choses à voir, des scénographies qui compensent les ratages agaçants d’amateurisme. S’attendre à quelques moments pénibles en début d’expo .

Faut-il absolument faire 4h de queue dans la pluie et le froid pour la voir ? Je dirais non sauf si on est couturier, chasseur alpin ou tri-athlète.

De toutes façons, les fans de Dior pourront aller au Musée Dior de Granville, assurément plus respirable avec jardin et villa.

 

 

 

 

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